À l’heure où le Québec fait face à un défi de productivité et de transmission entrepreneuriale, le repreneuriat s’impose plus que jamais comme une stratégie gagnante — mais encore sous-exploitée.
Reprendre une entreprise, c’est accéder dès le premier jour à une structure déjà en place, un chiffre d’affaires, une équipe compétente et une clientèle fidèle. Contrairement à la création d’entreprise, souvent longue et risquée, le repreneuriat permet de miser sur des bases solides tout en y insufflant une nouvelle vision. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les entreprises transférées affichent un taux de survie de 80 % après cinq ans, contre 57 % pour les entreprises en démarrage, selon des données récentes de Repreneuriat Québec, le nouveau nom du Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ). Et lorsqu’elles sont accompagnées par ses experts, ce taux grimpe à 87,5 %.
Dans un environnement économique incertain, où la compétitivité repose sur la capacité à innover rapidement, cette stratégie représente un véritable levier de relance. Elle permet non seulement de préserver des milliers d’emplois, mais aussi d’assurer une transition vers une nouvelle génération de dirigeants tout en valorisant les acquis des générations précédentes.
Une transformation en cours, mais trop peu préparée
Depuis 2021, le nombre de transferts d’entreprises au Québec dépasse celui des créations. En 2022, 9 365 PME ont changé de main, soit une hausse de 11,8 % par rapport à l’année précédente. Cette vague a permis de préserver 144 000 emplois dans des entreprises totalisant 43 milliards de dollars de revenus et 37 milliards en actifs. Et la tendance s’accentue : plus de 12 000 propriétaires prévoient une vente ou un transfert en 2025.
Malgré cette dynamique, 61 % des cédants n’ont pas de plan de relève, et seuls quatre sur dix ont identifié un repreneur potentiel. Pour Alexandre Ollive, président-directeur général de Repreneuriat Québec, ce manque d’anticipation représente un risque majeur pour la pérennité du tissu économique québécois : « On enseigne comment démarrer une entreprise, mais très peu comment la céder. Pourtant, il faut du temps, de l’accompagnement et une véritable préparation pour réussir un transfert », disait-il dans l’épisode 45 de notre balado sur les défis et opportunités du repreneuriat
Il insistait aussi sur la nécessité de changer les perceptions : « La mise en vente d’une entreprise n’est pas un signe de déclin ou d’échec. Au contraire, c’est souvent une preuve de responsabilité et de vision, pour assurer la pérennité de l’entreprise au-delà de son fondateur. »
Ces constats rejoignent ceux formulés récemment par Lucien Bouchard, dans une lettre ouverte cosignée avec deux associés du cabinet Davies Ward Phillips & Vineberg. L’ancien premier ministre y présente le repreneuriat comme une occasion unique de relance économique, dans un contexte où le Québec fait face à un déficit chronique de productivité et à une transition générationnelle massive. « À un moment crucial de son développement, le repreneuriat promet à une entreprise de se projeter en avant avec un deuxième souffle », écrit-il.
Des profils à diversifier pour une relève durable
Selon Repreneuriat Québec, la diversité des profils de repreneurs progresse, mais certains déséquilibres persistent. En 2022, 34,9 % des repreneurs étaient âgés de 55 ans ou plus, contre seulement 6,1 % de moins de 29 ans.
« Cela s’explique souvent par l’accès au capital, qui survient généralement plus tard dans la carrière », analyse Alexandre Ollive. Cette situation crée un paradoxe : des repreneurs approchant de la retraite acquièrent des entreprises qu’ils devront eux-mêmes transférer à court ou moyen terme.
D’autres indicateurs sont encourageants : les femmes comptent désormais pour 26,4 % des repreneurs et les personnes immigrantes pour 14,4 %, des efforts restent à faire pour élargir la base de la relève entrepreneuriale, estime-t-il.
Des secteurs porteurs
Les secteurs les plus dynamiques en matière de transfert sont le manufacturier (7,1 %), les services d’hébergement et de restauration, ainsi que les entreprises comptant entre 20 et 99 employés, qui affichent un taux de transfert de 8,7 %.
Ces entreprises, souvent bien établies dans leur marché, représentent des occasions concrètes d’acquisition d’entreprise réussie, notamment pour les jeunes dirigeants à la recherche de croissance d’entreprise rapide.
Un soutien essentiel
Reprendre ou céder une entreprise ne s’improvise pas. De la planification stratégique à la valorisation d’actifs, en passant par la négociation et l’intégration, chaque étape du processus de transfert comporte ses défis — financiers, juridiques, humains. Pour les franchir avec succès, un accompagnement spécialisé est indispensable.
Nos experts chez EC2 travaillent en étroite collaboration avec les différents acteurs de l’écosystème pour guider vendeurs et repreneurs dans leur démarche. Grâce à notre expertise et à notre réseau, nous pouvons vous accompagner à chaque étape vers le succès de la transaction.