Des records en capital de développement, ralentissement en capital de risque

Le capital de développement atteint des sommets historiques au Québec, tandis que le capital de risque accuse un recul. Une polarisation qui reflète les défis géopolitiques actuels et redessine le paysage du financement d’entreprise.

Une analyse de Réseau Capital sur les flux d’investissement montre que le Québec domine le marché canadien du capital de développement, avec 18,3 milliards de dollars (G$) investis au premier semestre de 2025 à travers 192 transactions. C’est la meilleure performance de la province pour une première moitié d’année depuis 2013.

Cette croissance spectaculaire s’explique en grande partie par quelques mégatransactions, notamment celle de Garda World Security Corp (14 G$), qui, à elle seule, représente 77 % des montants investis. Héroux-Devtek à 1,4 G$ et Telus Santé à 488 millions de dollars (M$) complètent le trio de tête.

À l’autre extrémité du spectre, 61 % des transactions sont inférieures à 5 M$, révélant une configuration à deux vitesses : un grand nombre de petites opérations et une poignée de très gros dossiers accaparant la majorité des capitaux.

 

L’amorçage se démarque

Le capital de risque, en revanche, suit une trajectoire inverse. Seulement 524 M$ ont été investis au Québec depuis le début de l’année dans ce segment, en recul de 57 % par rapport à la même période en 2024. Le nombre de transactions reste stable (60), mais la taille moyenne des rondes diminue.

Seul l’amorçage tire son épingle du jeu, avec une hausse de 31 % des montants investis (79 M$ pour 29 transactions), représentant près de la moitié des dossiers recensés.

Le Québec se classe désormais cinquième au pays pour la taille moyenne des transactions en capital de risque qui s’établit à 8,73 M$.

 

Un environnement transactionnel en mutation

Ces tendances s’inscrivent dans un contexte plus large de transformation du marché des fusions-acquisitions, comme l’expliquait Angelo Noce, associé chez Blake, Cassels & Graydon LLP, dans un de nos balados sur les tendances en fusions et acquisitions.

Selon cet expert, la menace de guerre tarifaire crée déjà des effets concrets : « Certaines transactions ont été suspendues par prudence », dit-il. Ce sont particulièrement celles impliquant des entreprises canadiennes dépendantes des exportations américaines qui ne se sont pas concrétisées.

Néanmoins, il entrevoit un regain d’activité à l’horizon, stimulé par des taux d’intérêt plus stables, une inflation maîtrisée, et surtout une abondance de capitaux en attente de déploiement. Les entreprises dont les activités se limitent au marché domestique continuent de susciter l’intérêt, favorisant la consolidation entre acteurs canadiens. « Des niveaux records de capitaux disponibles devront être déployés prochainement », anticipe Angelo Noce, prévoyant un rattrapage possible dès la fin 2025 au Canada.

 

Des outils contractuels qui gagnent en popularité

Dans un marché devenu plus favorable aux acheteurs, ils parviennent plus facilement à négocier des conditions auparavant difficiles à obtenir. Les clauses earn-out, liées à la performance future de l’entreprise, quasi inexistantes en 2019, sont devenues courantes depuis la pandémie, représentant désormais 20 % à 30 % du prix d’achat sur des périodes de deux à trois ans, précise l’expert.

Autre évolution notable : l’essor de l’assurance représentation et garantie. Jadis marginale, cette pratique s’est imposée comme la norme dans les transactions impliquant des fonds de capital-investissement, permettant de réduire drastiquement les montants bloqués en garantie. Dans le cas d’une transaction de 50 M$, par exemple, la retenue tombe de 5 M$ à seulement 250 000 $ grâce à l’assurance — un changement qui libère du capital pour les cédants et apaise les relations avec les investisseurs minoritaires.

 

Des perspectives sectorielles

La diversification sectorielle, avec une activité soutenue dans l’industrie manufacturière, le commerce de détail et les finances, offre des perspectives encourageantes pour la suite de l’année, révèle le rapport de Réseau Capital.

L’agroalimentaire se démarque comme particulièrement résilient, précise Angelo Noce qui anticipe même « une hausse significative en 2025 » dans ce secteur, stimulée par la réorganisation des chaînes d’approvisionnement.

La défense et l’énergie nucléaire sont d’autres secteurs qui pourraient être porteurs, selon une analyse de PwC Canada. Bénéficiant de tarifs douaniers relativement favorables, plusieurs exportateurs canadiens se trouvent « mieux placés que leurs concurrents » pour accroître leur part de marché en sol américain, soulignent les auteurs.

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